IV Une fois “officiellement” ensemble : aux débuts

Il faut chercher à conserver les mêmes attitudes qu’au départ même si une intimité a été créée. Se dire que tant que les sentiments et la connaissance de l’autre ne seront pas solides (donc du temps passé ensemble), cette intimité est encore artificielle (il faut quand même un début à tout) et il ne faut surtout pas tomber dans le piège de la proximité...

Deux personnes qui viennent tout juste de sortir ensemble n’ont qu’une proximité et une intimité physique mais absolument pas encore d’intimité sur le plan relationnel. Elles ne se connaissent pas et sont toujours (et pour un moment encore) dans une phase de découverte de l’autre où prudence, magie, mystère, doivent régner.

La tendance naturelle peut être de se sentir déjà intime sur le plan relationnel, voire même un peu "amoureux" sauf que la seule intimité réelle est physique, et encore, là aussi on se doit d'avancer progressivement.
Bien sûr il n’y a pas de “règles” strictes mais des principes généraux qui globalement ont une chance de s’appliquer à la majorité. Dans le doute et jusqu’à preuve du contraire mieux vaut s’y tenir.
En voici donc quelques-unes (règles) que j’ai recensées. La liste n’est sans doute pas exhaustive mais les principaux y sont je pense.


a) Ne pas brûler les étapes : cela bouscule trop, tout, trop vite

Concrètement, il s’agit de ne pas entrer "aux forceps" dans la vie de l’autre. On ne passe pas en quelques heures ou en quelques jours d’une existence de célibataire à une vie de couple. Célibataire, on s’est créé un rythme, dans lequel, par définition il n’y a pas ou plus de place pour quelqu’un d’autre, pas de trous. On sort plus, on voit pas mal ses amis, on pratique des activités, on n'a “de comptes à rendre” à personne. Alors, même si l’idée de la relation est plaisante, la perspective de changer, de but en blanc, sa vie ou ses habitudes ne l’est pas forcément autant ou n’est pas forcément facile.

Il faut donc en tenir compte pour ne pas provoquer chez l’autre de chamboulements radicaux dans sa façon de gérer son planning, son temps, son rythme, ses habitudes et aussi son indépendance car il s’est fait des repères et ceux-ci ne peuvent être cassés de façon rapide et artificielle au risque de l’amener à reculer et préférer finalement la vie en solo qu’il a réussi à se construire que la perspective d’une vie à deux.
Il faut que ce soit la motivation propre de l’autre qui le pousse à modifier son comportement et sa vie plutôt que les circonstances qu’on va lui imposer implicitement ou explicitement.

Evidemment, parfois, l’enthousiasme d’une belle rencontre peut faire pousser des ailes et on a envie que tout aille vite, surtout si cela fait longtemps qu’on a pas connu de vie à deux et que l’on en a profondément envie. Il ne faut pas trop se laisser aller à ses pulsions, même si apparemment l’autre semble dans le même état d'esprit. Le manque n’a jamais été un facteur négatif dans la construction d’un couple, alors que l’excès de zèle, la précipitation, peuvent rapidement devenir nocifs en donnant à l’autre un sentiment d’étouffement, d’envahissement, de noyade. En laissant à l’autre le temps de vous faire une place et en s'octroyant à soi le temps d’intégrer l’autre dans des petits moments de sa vie, les choses se passent en douceur et le résultat est bien meilleur.


b) Eviter tout systématisme dans les actes : cela crée l’habitude donc l'ennui

Même si l’envie est profonde de satisfaire l’autre, et que l’on a des opportunités de le faire, il faut à tous prix éviter de devenir trop vite prévisible dans ses actes. Par exemple : si à chaque fois que l’autre a une attention pour vous, vous lui faite toujours et depuis le départ le même petit bisou de contentement, la même petite réflexion gentille, cela enlèvera vite du poids à votre réaction à ses yeux. En fin de compte vous donnerez vite l’impression de ne pas être spontané, d’agir par automatisme, vous ne créerez plus de surprise. Idem si par exemple vous arriviez systématiquement à chaque RV avec des fleurs, ou avec un petit cadeau, que vous répondiez systématiquement à ses SMS dans les 3 minutes, que vous validiez systématiquement ses actes lorsque l’autre vous propose quelque chose, etc...

Même si dans l’absolu il n’est pas négatif d’offrir des fleurs, de répondre à un SMS tout de suite, d’avoir une attention, etc... le faire avec systématisme font perdre leur essence et leur parfum à ses actes positifs.

Une tache opérée avec régularité s’appelle : une routine.

C’est exactement ce qui sera en train de se passer alors. Vous allez, sans vous en rendre compte, commencer à créer les premières routines de votre couple et la routine est par excellence un des plus efficace “tue-l’amour” qu’on ait pu inventer. Quand l’amour n’est même pas encore là, c’est une façon excellente de casser toute magie et de lasser l’autre à vitesse grand V.


c) Savoir se montrer parfois indisponible : cela crée le manque (donc active l'envie)

On a tous placé en tête de liste de nos “critères” de sélection ; la disponibilité. On n’envisage rarement l’amour avec quelqu’un qui ne serait jamais disponible, qui n'aurait jamais le temps de nous voir, avec qui on ne peut jamais rien prévoir, qui n’a jamais de temps à nous consacrer. On le sait et nous-mêmes sommes prêts à faire des efforts pour nous montrer un peu disponible à l’autre. Le célibataire a, comme je l’ai écrit plus haut, une vie qu’il a organisé justement pour ne pas être souvent seul. Il va artificiellement se disponibiliser un peu pour commencer à vous faire de la place, ne serait-ce que pour vous voir de temps en temps au départ. Vous allez faire de même et c’est une qualité, un acte plutôt motivant pour l’autre de voir que vous avez envie de prendre du temps pour lui. Seulement, là aussi, il faut agir avec prudence, sans routine et sans excès.

Si à chaque fois que l’autre vous demande si vous êtes libre pour le voir à telle heure vous dites oui, qu’à chaque fois que l’autre vous appelle en vous demandant s’il ne vous dérange pas vous dites non, qu’à chaque fois qu’il vous envoie un message vous répondez dans l’instant, etc... au lieu de satisfaire l’autre en prouvant que vous faites un effort pour vous disponibiliser (effort louable, signe de votre motivation) vous allez provoquer l’effet inverse en lui donnant l’impression que vous n’avez pas de vie du tout, que vous êtes tout le temps libre, que vous n’avez donc aucun effort à faire et surtout donner à l’autre le sentiment que votre vie, vos activités se mettent à ne plus tourner qu’autour de lui. En cela, vous créez une pression supplémentaire chez l’autre.
Enfin, là aussi vous créez la routine et le systématisme puisque l’autre saura qu’à chaque fois qu’il vous sollicite vous serez “aux ordres”.

Alors il ne s’agit pas non plus de prendre le contre-pied de ce que vous êtes, et de vous montrer systématiquement indisponible alors que vous ne l’êtes pas ou que vous avez l’envie et la possibilité d’accorder du temps à l’autre. L’idée est simplement de savoir, de temps en temps, dire non sur le moment et de proposer autre chose.

(l’autre) On se voit ce soir à 19h00, ça te va ?
(vous) Non plutôt à 20h00

(l’autre) Allô, je te dérange ?
(vous) Pas du tout mais puis-je te rappeler dans 1 heure j’aurai un peu plus de temps à te consacrer.

Même s’il n’y a que l’intention qui compte, vous-même vous êtes plus touché si quelqu’un fait quelque chose pour vous et que vous savez que ça lui à coûté, plutôt que s’il n’a pas eu à lever le petit doigt pour le faire.
Moralité : Lorsque vous faites un effort et que l’autre n’a pas l’impression que cela en est un, vous perdez du mérite et diminuez l’effet que vous vouliez provoquer.


d) Ne pas trop donner : cela peut culpabiliser l'autre

Dans l’exact même état d’esprit que les lignes précédentes, si vous êtes naturellement quelqu’un de généreux et qui a envie tout le temps de faire plaisir, le “faire plaisir” est très bien mais le “tout le temps” l’est moins. Non pas parce que trop faire plaisir est mal mais simplement parce que d’une part cela crée du systématisme donc de la routine (et que même une routine positive reste une routine, donc paradoxalement, négative), que cela ôte clairement de la force à vos actes de gentillesse car ils finissent par être “attendus” mais d'autre part et surtout parce que vous avez le risque de créer chez l’autre ce sentiment de pression qui est votre pire ennemi !

En quoi donner beaucoup peut créer de la pression chez l’autre, le mettre mal à l’aise et finalement le pousser à fuir vos attentions et, par extension, à vous fuir ?

Rares sont les gens qui donnent sans attendre de retour, et même si c’est votre cas, sachez que vous ne faites pas partie de la majorité. Donc, quelque part, donner équivaut à “attendre de recevoir”. En donnant trop, vous mettez l’autre, sans le savoir, en position de “débiteur”. S’il n’est pas un profiteur dans l’âme il a de forte chance de se sentir “redevable” et il n’y a rien de pire que cela quand on forme un couple.

Vous aurez beau dire que vous faites plaisir pour "le plaisir de faire plaisir", que vous ne demandez pas d’autre retour que le simple fait de partager avec l’autre, cela fonctionnera peut être un moment mais il est certain qu’à terme cela risque de fausser vos rapports.

Enfin, puisque pour la majorité des gens, donner c’est attendre un retour, en donnant beaucoup tout de suite, vous envoyez implicitement le message suivant “j’en attends aussi beaucoup tout de suite” (même si ça n’est pas le cas). Par accumulation, l’autre sentira une forte pression sur lui, ayant cette impression que vous êtes en “grande demande” et lui, ne l’étant pas forcément, ne sera donc pas capable de vous rendre la pareille (sentiment de débiteur).

Quelle est la solution car en amour, attention et générosité sont des qualités tout de même et non des défauts ?

Simplement de ne pas systématiquement donner et surtout, d’attendre que l’autre ait pu vous rendre, à sa façon, pour à nouveau donner vous-même. Faire en sorte que la balance soit équilibrée. Si vous tombez sur quelqu’un qui donne non-stop et que c’est votre envie aussi, alors que tout le monde se lâche, c’est très bien, mais si au contraire vous vous retrouvez en face de quelqu’un qui avance à petits pas, alors ne vous lâchez pas au risque de lui presser le pas et de le mettre mal à l’aise.

Dernier point à propos de la générosité. Beaucoup de gens ne sont pas généreux par nature, comme je le disais, mais le sont par intérêt. Tant que l’autre ne vous connaîtra pas assez pour savoir que vous agissez par gentillesse et non par intérêt, évitez de donner trop. Si vous ne faites pas attention à cela, votre générosité paraîtra suspecte et provoquera de la méfiance chez l’autre plutôt que de la joie, de la gratitude et de l’enthousiasme devant votre merveilleuse nature (car franchement qui se plaindrait de tomber sur quelqu’un de vraiment gentil ?)


e) Ne pas trop attendre : cela met la pression

Dans la logique suite du paragraphe précédent, j’aborde ici la question de nos attentes. En fonction de l’état d’esprit dans lequel vous êtes au moment de cette rencontre ou dans les premiers temps de cette relation, en fonction de votre histoire, vous avez forcément des envies, des attentes sur l’autre, sur la façon dont les choses devraient idéalement se passer ou évoluer. Il est clair que l’autre n’a ni votre passé, ni vos exactes envies, et probablement pas non plus des attentes identiques. Bref, vous êtes différents, même si vous êtes tous deux mus par l’envie d’être à deux plutôt que chacun de son côté et surtout vous avez peu de chance d’être synchrones. Il y en a toujours un qui va plus vite que l’autre, toujours un qui aimera avant l’autre. Donc l’un des deux est bien obligé de se caler sur l’autre pour permettre d’avancer ensemble (jusque là, tout est logique). Pour apprivoiser l’autre, la seule façon de procéder c’est de prendre en compte le plus petit dénominateur commun, c’est à dire de calquer son pas sur le pas de celui qui va le plus lentement. Si ça n’est pas vous, il faut absolument rester à l’écoute de l’autre, sinon vous allez partir en avant, et l’autre ne pourra ou ne voudra pas vous suivre.

Vous devez essayer de donner au même rythme que l’autre et, de la même façon, vous ne devez pas montrer des attentes supérieures ou plus rapides que celles de l’autre. La encore, vous lui mettrez la pression et ce sentiment de pression est, je le répète, la pire chose qui puisse arriver au départ d’une relation.

Concrètement, ça veut dire quoi “ne pas trop attendre”? Cela veut simplement dire, être capable de prendre ce que l’autre a à vous offrir sans exprimer de manque de ne pas avoir reçu plus ou plus vite. Ceci est vrai même si en vous, vous avez une envie grandissante que les choses prennent rapidement de l’envergure, que le rythme s'accélère. Ne le faite pas sentir à votre partenaire.

Évitez les reproches du style : “on ne se voit pas assez”, “pourquoi tu m’as pas rappelé”, “j’ai pas eu de nouvelles à mon SMS”, “tel couple que je connais est parti en week-end et nous on n'a jamais fait de voyage ensemble”, “tu n'es pas super câlin”, “j’ai jamais reçu de fleur”, etc... des attentes, des attentes, des attentes...
Dites-vous que vous n’avez qu’un choix : suivre l’autre s’il va moins vite que vous en acceptant de refréner un peu vos attentes (un minimum de temps) ou bien "laisser tomber l'affaire" si la personne est tellement incapable de vous satisfaire, que la frustration qu’elle provoque ne vous permet pas d’attendre sereinement.


f) Ne pas critiquer l'autre ou faire de reproches : cela démotive et ne sert à rien

En tout état de cause, pour en revenir aux reproches, ils ne servent à rien car ça n’est pas une critique qui fera changer l’autre, et surtout, les reproches sont très malvenus dans les débuts d’une relation. Si tout ne semble pas “top” au départ on est en droit alors de se demander ce que ça donnera à l’arrivée (si arrivée il y a).
On a toujours envie de sentir que l’autre est “fait pour soi”, que nous sommes les pièces d’un même puzzle. Ça n’est que de l’imagerie de contes de fées mais ça reste très ancré chez la plupart des gens. Il ne faut donc pas casser cette image. Au départ tout doit sembler idyllique.

Alors comment résoudre les mini problèmes de forme s’il y en a, sans forcément toujours se taire (au risque de ne pas pouvoir donner à l’autre la possibilité de modifier un détail qui vous gêne et ainsi de vous laisser accumuler du ressentiment envers lui) et sans prendre non plus le risque de peser trop sur l’autre à force de petites “mises au point” qui saperont le ciel sans nuage de vos premiers moments ?

Je dirais qu’il faut de la psychologie, du tact et du doigté, mais en disant cela en gros je ne dis rien... Alors je vais essayer de vous donner les quelques pistes que j’ai trouvées mais ce ne sont pas des recettes non plus et malheureusement je dois avouer que cette partie là de la séduction reste encore souvent pour moi un problème (nobody’s perfect).

Lorsqu’on veut faire passer un message à quelqu’un sans que cela ne passe pour un reproche on peut simplement lui suggérer quelque chose en le rapportant à soi ou le tourner sur le ton de la plaisanterie pour sous-entendre quelque chose chez l’autre. Reste ensuite à espérer que l’autre sera suffisamment à l’écoute pour comprendre le message.

En bref, toujours procéder de façon indirecte.

Par exemple : au lieu de dire “j’ai beaucoup de mal avec les gens bordéliques”, ou pire encore “t’es vraiment très bordélique, moi je ne pourrais pas vivre comme ça !” mieux vaut dire quelque chose du genre “je t’admire de pouvoir t’y retrouver dans ton organisation, moi si je ne remets pas les choses en place après m’en être servi je ne retrouve rien” l’autre risque alors de vous demander “ça te dérange mon bordel ?” et vous de répondre “je ne suis pas très habitué mais il faut dire aussi que je suis un peu maniaque”.

Dans ce contexte, il n’y a pas de reproche formel mais on a su communiquer à l’autre une divergence sans provoquer une possible tension ou culpabilité. Si l’autre est donc un minimum attentif à vous, la prochaine fois il aura fait un effort.
Le mieux aussi de votre coté est de devancer les possibles reproches de l’autre lorsque vous savez que vous avez des travers qui pourraient possiblement déranger.

Exemple : “je sais, j’ai un peu honte, c’est très en bordel, est-ce quelque chose qui te dérange ?” si la personne répond “je ne suis pas habitué mais je suis aussi un peu maniaque” alors le message est clair, mais il n’y a pas eu de reproche direct de l’autre.

Autre exemple : “tu commençais à me manquer, j’ai cru que tu avais oublié notre rendez-vous” est bien mieux que “qu’est-ce que tu fais, ça fait une heure que je t’attends !”


g) Ne pas essayer de changer l’autre : cela fait fuir

Et nous en venons naturellement à une question qui peut vite devenir un point épineux central lorsqu’on est à deux : se retrouver en face de quelqu’un qui n’est pas à 100% conforme à nos attentes et avoir tendance, sans même s’en apercevoir à vouloir, l’orienter dans notre direction, le modeler un peu, le faire changer...

Je dis bien “sans s’en apercevoir” car tout le monde sait que chercher à changer l’autre est un autre excellent moyen pour faire fuir cette personne, mais si on n’y prend pas garde cette tendance peut malgré tout prendre le dessus.

Au lieu d’essayer de changer l’autre il faut en premier lieu essayer d’apprendre à aimer ce qui nous dérange chez lui. Ça n’est pas chose facile à tous coups mais si nous avons porté notre dévolu sur quelqu’un c’est certainement parce que déjà beaucoup de choses nous plaisent chez lui “à priori” donc mieux vaut penser à ce qui nous plaît et apprendre à être un peu indulgent sur ce qui nous plaît moins plutôt que de s’évertuer (souvent pour rien) à essayer de modifier le comportement de l’autre tel que nous voudrions qu’il soit.

Si la personne doit changer, elle le fera elle même, par amour, mais certainement pas parce qu’elle se sent “obligée”.


h) Ne pas essayer d’abolir la distance en permanence : cela tue le désir

C’est à dire, ne pas “être sur l’autre” à tous bouts de champs. Se tenir la main non stop dans la rue, se couvrir de bisous à la moindre occasion, se “sauter dessus” dès que c'est possible, démontrer des marques de tendresse physique à la moindre opportunité. Tous ces actes sont souvent des signes spécifiques au couple qui est déjà formé depuis un moment et passer du stade d’étrangers à celui d’intimes n’arrive pas en quelques rendez-vous, ou après quelques nuits passées ensemble.

L’intimité créée par le rapprochement (ces moments d’amour physique) est trompeur car il donne faussement l’impression d’une proximité affective mais en réalité il n’est pas synonyme d’intimité sur le plan relationnel, affectif. On n’est pas un couple, on le devient. Cela ne doit pas se faire de façon artificielle. Et trop de marques de proximité à un stade précoce du couple peut sembler totalement artificiel et même inadéquat pour l’un ou l’autre

Il y a des natures expansives, chaleureuses et câlines et d’autre plus pudiques, introverties et moins “physiques”. Pour certains les marques permanentes d’affections physiques semblent une évidence dès les premiers moments de la relation, pour d’autres elles ne prennent de sens qu’une fois que les sentiments sont installés.

Pour ces raisons (à nouveau des différences entre deux personnes) il n’est pas souhaitable d’abolir en permanence la distance qui existait avant que la relation physique n’existe. Bien évidemment, si naturellement les deux ont la même envie d’être tout de suite, tout le temps, proches physiquement la question ne se pose pas mais c’est rarement le cas.

De plus, des marques trop prononcées d’affection rapide peuvent aussi provoquer chez l’autre un sentiment d’étouffement, de possessivité (“on ne se lâche pas”, “on est collé”) même si au fond il n’en est rien.

Alors je ne dis pas qu’il faille cantoner les marques d’affection aux moments d'intimité sexuels, mais simplement permettre à la distance d’exister encore un temps suffisant pour que, naturellement, les deux protagonistes ressentent cette envie de se rapprocher souvent, de se lier au sens propre comme au figuré.

Enfin, pour reprendre un des points cités plus haut, tout ce que l’on peut faire de façon systématique est nocif et provoque la plupart du temps lassitude et pression et diminue la porté de l’acte.

Je me suis étendu plus en détail sur ces questions dans mon billet intitulé "Fuis-moi je te suis, le jeu du chat et de la souris".


i) Ne pas entrer de plein pied dans une intimité du quotidien : cela tue le rêve

Cela fait aussi partie du principe de ne pas abolir trop vite la distance, de ne pas rompre une certaine magie.
Le quotidien n’a rien de glamour à proprement parlé, il n’a rien de romantique en soi. Ça n’est pas parce que qu’on a créé une première intimité physique, qu’on se livre peu à peu, qu’on s’ouvre, qu’il faut se sentir pour autant libre ou obligé de tout laisser transparaître de son quotidien aussi.

Avouons quand même que la jolie princesse qui, suite à une soirée magique et une nuit romantique, se retrouve au petit matin à laver sa culotte sans pudeur dans la salle de bain pendant que le prince charmant se brosse les chicots à côté n’a plus rien du tout de romantique, voir même va complètement casser l’image.

C'est certain, au bout de quelques temps, lorsqu’on se connaît bien et qu’on a envie de partager plus de moments ensemble, on partagera aussi ces petits moments du quotidien qui sortent du cadre de la romance mais il n’est pas nécessaire que cela arrive vite.

Laissons à l’autre et laissons nous le plus longtemps possible l’image de prince et de princesse. Voyons-nous seulement pour sortir du quotidien et créer une bulle de romance. C’est comme cela que nous susciterons chez l’autre un désir grandissant qui par la suite permettra peut-être que le quotidien ne ternisse pas l’image de la rencontre et de la relation.


j) Ne pas exprimer ou montrer une trop grande volonté à vouloir que ça marche : cela décrédibilise

En premier lieu, un excès d’enthousiasme prématuré peut être facilement assimilé par l’autre à une attente excessive qu’il se sentira incapable de satisfaire et ainsi le mettre sous pression, nous avons déjà abordé cette question.
Ensuite, cela donne l’impression que ce qui vous motive dans cette relation n’est pas l’autre mais simplement l’envie de ne plus être seul. En gros, vous envoyez le message suivant "peu importe qui j'ai en face de moi du moment que j'ai quelqu’un ça fait l’affaire". En bref, vous risquez fort de donner le sentiment à l’autre qu'il est le premier venu et que lui ou un autre c’est pareil.

Ça n’est évidemment pas le cas, car à moins d’être complètement désespéré on n’a pas envie de construire avec le premier venu, avec n’importe qui, mais il n’y a que l’impression qui compte en amour et rares sont les gens qui pensent avec leur tête en matière de sentiments. Ça n’est pas la raison qui parle mais le coeur. et il n’y a rien à faire, il faut se rendre à l’évidence, ce coeur n’est jamais logique, jamais cartésien.


k) Faire sentir à l’autre qu’il est unique : ça le place sur un piédestal et rend la relation unique

Le paragraphe précédent amène logiquement à cet autre principe. C’est une évidence qu'il faille faire sentir à l’autre qu’il est unique pour s’attirer ses bonnes grâces, mais dans la pratique cela passe par des actes ou des paroles qui n’ont pas forcément de rapports logiques avec le but à atteindre.
Je m'explique. Faire sentir à quelqu’un qu'il est “unique” ne consiste pas à lui répéter qu’il l’est à nos yeux, mais plutôt lui faire sentir que ce que nous vivons avec lui n’a rien de comparable avec ce que nous avons déjà vécu, ni d'équivalent avec ce que nous pourrions vivre aux côtés de quelqu’un d’autre que lui. Que si notre choix s’est porté sur lui ça n’est pas parce qu’il est “tombé au bon moment” mais parce que c’était lui le bon moment. Que notre envie d’être à deux ne préexistait pas forcément à cette rencontre. Que ce qui vous motive à partager, à donner, à échanger, c’est bien l’autre et non les circonstances.

Concrètement, même si vous le pensez, évitez de répéter :
- à quel point cela fait longtemps que vous cherchez quelqu’un.
- à quel point la solitude ou le célibat vous pèse.
- à quel point il est temps pour vous de construire - à quel point vous avez besoin d’amour.
- à quel point vous êtes heureux de ne plus vous sentir seul - à quel point vous êtes prêt pour la vie à deux, etc, etc....

Tout cela ne donnera jamais à l’autre le sentiment que ce qui vous motive c’est la perspective de l’amour de lui, mais plutôt l’idée de l’amour lui-même (sous entendu, peu importe avec qui !)

Pensez aussi à éviter de "penser tout haut" les inévitables comparaisons avec vos histoires passées. Je ne dis pas qu'il faille mettre un voile noir sur notre passé amoureux, et il n’est pas mauvais de connaître le passé de l’autre pour comprendre d’où il vient, quelles sont ses attentes ou ses besoins aujourd’hui. On peut parler un peu de son passé amoureux. En revanche, il ne faut surtout pas faire de comparaisons, même si ça n’est que pour dire du bien de la relation présente. Pourquoi ? Parce qu’à chaque fois que vous le ferez vous donnerez à l’autre l’impression d’être en compétition avec quelqu’un de votre passé, et par extension d’être placé au même niveau que ce “fantôme”. Vous la rabaisserez du rang de challenger, à celui d’outsider. Il était seul, ils sont maintenant deux, il était unique, il ne l’est plus.

D’ailleurs pour éviter d’avoir à se poser tout le temps la question de “puis-je parler de mes ex maintenant ou pas et comment le faire ?” il faut partir du principe qu’on évite ce sujet autant que possible. Si on le fait, essayer dans la mesure du possible aussi de ne jamais nommer une personne en particulier mais parler d’histoires en général.

Exemple :”il y a longtemps j’ai eu à faire à quelqu’un de très jaloux et je l’ai assez mal vécu” et surtout pas “Ce que j’aime chez toi c’est que tu n’es pas du tout comme Virginie, ma dernière grande histoire d’amour, qui était super jalouse et ça me rendait la vie impossible”, dire “j’ai rarement connu quelqu’un d’aussi attentionné que toi” mais surtout pas “tu es tellement plus attentionné que Christophe, celui avec qui j’étais avant Stéphane qui ne l’était pas beaucoup beaucoup non plus” (sic)


CONCLUSION

Ce que je retiens de mon expérience, de mes réflexions et ce qu’il faut, je pense, retenir de cette question d’approche de l’autre dans les premiers temps de la rencontre est une extrême prudence.

Comme je le soulignais dans le préambule, certains ont une sensibilité à l’autre plus aiguë que d’autres et font naturellement preuves de retenue et de prudence dans leur approche mais beaucoup aussi, sous le coup d’un certain "enthousiasme", d’une certaine passion ou d’un engouement soudain pour la situation ou ce que représente l’autre (la perspective d’un amour), baissent la garde, se sentent peut-être trop vite “pousser des ailes”, trop vite “proches” ou “en confiance” du fait d’une attirance commune, en oubliant parfois que l’autre n’est pas forcément “synchrone” dans sa façon d’être, de penser, de ressentir, d’agir ou de réagir.

En tout état de cause, il faut savoir un minimum garder la tête sur les épaules même si c’est le coeur qui parle.